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  J.M. Lartigaud : une pensée théologique
Adam et Ève sont des citadins

Les représentations classiques du péché originel accréditaient la lecture augustinienne de la grande catastrophe et le péché originel était alors bien plutôt interprété comme étant un péché originaire.
Jean-Michel Lartigaud, par cette œuvre étonnante bouscule hardiment ces vieux réflexes gnostiques, et malmène nos argumentateurs soi-disant rationalistes qui trop heureux de saisir le défaut logique de cette histoire antique nous conduisaient à jeter ce qu'ils pensaient être la théologie catholique avec la pomme de toutes les discordes.
Adam et Eve sont ici bien trop modernes pour avoir connu le jardin des délices et, vivant en centre ville, nous pouvons parier qu'ils n'ont jamais rencontré de serpent dans la rue, fût-il doué de parole, ce qui ne les aurait d'ailleurs pas surpris outre mesure, le rationalisme manifestant depuis le XIXème siècle un goût peu raisonnable pour toutes les manifestations occultes et la magie.
Cette œuvre opère donc un renversement salutaire, en nous invitant à reconsidérer notre faute comme originelle : le maschal hébreu est ainsi rendu à lui-même et ne peut être écarté par l'usage d'une grossière faute de lecture. C'est bien de nous dont il s'agit et le soin que nous mettons à maquiller notre nudité n'y fait rien, le fruit de notre liberté est devant nous, massif, pesant et crucifiant. Tous les artifices de la culture, de la civilisation n'y peuvent rien, nous sommes prisonniers des vieilles programmations de notre cerveau et nos appétits absurdes nous coupent les jambes ; tant de soin apporté à donner le change, à masquer notre souffrance intime par les rictus de la séduction, par les mondanités, ne peut combler l'Absence bien présente de Dieu.

 
Adam et Eve, 1968, peinture.
 
   
 

Coca
La femme, l'absolu et le CAC 40

Une femme nue, une bouteille de soda, symbolisent les deux pôles d'attraction de notre monde devenu orphelin depuis la sentence nietzschéenne. La femme y devait tenir la première place en nous libérant de nos préjugés sexistes, mais c'est la Firme qui contrôle nos pulsions, nos inclinations, et vient nous enfermer dans la névrose consommatrice. Le regard étonné et vide de la poupée dénudée marque l'inconscience des féministes, que dis-je, l'inconscience de l'humanité qui ne pensait certainement pas que l'homme ayant été de la sorte congédié, le monde n'aurait d'autres projets que de s'épuiser dans la poursuite de l'absolu au coeur même de la matière, marquant ainsi l'apothéose de l'idolâtrie ; un peuple dépouillé de toute dignité, une humanité déchue, cherchant un sens dans ce qui manifeste la négation de tout sens : la malléabilité infinie de l'étendue cartésienne livrée au pouvoir du nombre. Rien ne peut plus résister à l'omnipotence de cette folle logique, et le CAC 40, ne saurait supporter que l'humanité le défie et lui dispute son royaume, il ne lui reste qu'à se soumettre à sa volonté implacable et à diminuer à mesure qu'il croît ... peut-être nous reste-t-il le blasphème !

Paul Mirault

 
Coca, 1987, peinture.
 

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